12 mois (mais 6 pour commencer)

Je l’ai fait ! Laborieusement sur la fin je dois l’avouer. Mais j’ai tenu bon et je n’en suis pas peu fière ! C’est qu’une sale bronchite asthmatiforme s’est invitée sur les derniers jours et bordel que ça fatigue de lutter pour attraper un peu d’air. Peu importe, le Calendrier de l’Avent est bouclé et j’en suis particulièrement heureuse. L’année se termine bien !

Pour continuer sur ce principe de calendrier j’ai envie de pratiquer ce qui est présenté comme un rituel sur la page Facebook d’Élodie Crepel1 :

C’est un exercice qui me paraît sympa et bien utile pour ne pas terminer 2023 en se disant Quelle année de merde ! à cause de la guerre en Ukraine, du climat qui part en vrille, de la flambée des prix, de la crise énergétique, de la réforme des retraites, des hôpitaux en crise … hop j’arrête là sinon je ne vais même pas continuer le billet.
Se souvenir des moments forts de cette année écoulée, de ceux qui nous ont mis des papillons dans le ventre ou une boule dans la gorge, permet de réaliser que non tout ne va pas si mal. Et que ces fortes turbulences que nous traversons tou.te.s en ce moment peuvent aussi, comme le dit Élodie, être source d’apprentissage. Voyons-voir ce que 2022 va me raconter …
Edit : Je commence par les six premiers mois car je suis plus bavarde que je ne le pensais. je posterai la suite bientôt ;-)

JANVIER
À l’été 2021, j’ai participé à l’élaboration d’une réponse à l’appel à projet de l’ARS Grand-Est pour la création d’un « Centre Ressources Vie affective, relationnelle et sexuelle »2 pour les personnes en situation de handicap, les professionnel.le.s qui les accompagnent et leurs familles. J’étais membre du comité de pilotage au titre de personne ressource, experte et concernée. Notre dossier a été retenu grâce au travail collectif de plusieurs partenaires et en particulier de l’UDAF 543 qui a porté le projet. Et en janvier 2022 j’ai participer au recrutement de la personne qui allait gérer le centre. C’était une première pour mois et ça m’a beaucoup plu. J’ai été ravie d’être conviée à cette séance et d’avoir voix au chapitre. Il est essentiel que les personnes concernées par un sujet soit au coeur des décisions et des actions prises et mises en place pour elles.

FÉVRIER
Ma chienne, Ginger, est morte le 15 février. Une mort programmée. Je me rassurais en me disant que je pourrais toujours annuler le rendez-vous. C’était pourtant la meilleure chose à faire. Pour elle. Mais je n’étais pas certaine d’en avoir le courage. Pour m’épargner toute la tristesse qui trépignait d’impatience à m’envahir et fuir encore un peu le vide qu’elle allait laisser partout où elle ne serait plus.
Ma Gigi c’était est un carlin. Le chien qui parle dans « Men in Black ». Elle était marrante avec sa bouille écrasée et son corps de patate. La regarder suffisait à me faire sourire. Elle a mis de la joie dans la maison ces dix dernières années par sa simple présence. À son détriment pour être honnête. Car avoir une tronche pareille ça a des conséquences.
Le carlin fait partie des races brachycéphales. Comme le bouledogue français, le cavalier king Charles ou le pékinois. Ils ont la face aplatie et un crâne plus large que long. Cette particularité a été obtenue à force de sélection génétique depuis des générations. Il faut bien faire sourire des connasses comme moi. Et puisque la demande est importante, on continue de faire naitre des chiots à la gueule toujours plus plate. Et qui ont les problèmes de santé qui vont avec mais ça on s’en fiche. J’ai envie. J’achète. 
Ginger avait 10 ans. Elle était en pleine forme et je frimais un peu d’avoir un carlin de cet âge en si bonne santé. Peut-être était-elle un peu trop enrobée. D’autres diront qu’elle était grosse mais nous n’avions cure des mauvaises langues. C’est la politique de la maison. Son seul vrai problème était sa surdité. Je la soupçonne d’avoir feint une mauvaise audition pour qu’on lui fiche la paix, comme certaines personnes de mon entourage dont je ne citerai pas les noms. Le bruit du paquet de croquettes ne lui a jamais échappé. Mes cris désespérés pour la faire bouger du canapé si. CQFD. 
Un jour son œil gauche a arrêté de produire des larmes. C’est typique de la race. Ça s’est quand même terminé en greffe de cornée cette histoire. Puis un matin elle a commencé à pencher salement la tête, toujours du même côté. Après investigations on a conclu à un AVC. Ensuite, elle s’est mise à respirer plus bruyamment que d’habitude, à dormir assise, à cracher et tousser. À la radio est apparue une vilaine tache. Un œdème pulmonaire. Et sur la fin la moitié de sa bouille si marrante s’affaissait, lui donnant un air plus du tout rigolo. Elle dégoulinait à gauche, sûrement à cause d’un problème au cerveau. Il était temps de la laisser partir. Alors je l’ai emmenée faire une dernière promenade. Je l’ai mise une dernière fois sur mes genoux sans en avoir rien à faire du duvet beige qu’elle allait laisser sur mon froc noir. La gentille vétérinaire a fait tout ce qu’il fallait en douceur. Et je suis restée avec ma patate un moment. Je lui ai dit combien elle allait me manquer. Je l’ai remerciée d’avoir partager ces dix ans avec nous et pour toute la joie qu’elle avait mis dans le coeur de mes enfants. Je lui ai fait une dernière caresse sur son corps soulagé, plissé, apaisé. Et la vie a continué sans elle nulle part mais avec elle partout dans nos souvenirs, nos discussions et nos téléphones où des centaines de photos nous rappellent combien nous l’aimons encore.

MARS
À l’occasion de la Journée Internationale pour les droits des femmes, j’ai été invité à participer à une table ronde avec l’ancienne Secrétaire d’Etat chargée des Personnes Handicapées, Sophie Cluzel. Le sujet était la vie affective, intime et sexuelle des personnes handicapées. Encore. Cela fait déjà 12 ans que cette thématique est au coeur de mon engagement associatif et j’ai parfois l’impression d’être Don Quichotte face à ses moulins. Organisée par la Préfecture, cette rencontre m’a permis d’exposer à nouveau les photographies du projet ELLES et d’évoquer la nouvelle association créée avec 6 femmes formidables dont je vous parlerai bientôt. Je vous partage l’article qui était paru dans les DNA à cette occasion :-)

AVRIL
Après m’être inscrite au sommet « Femmes et Ecriture » organisée par Marie-Ève Tschumi4 en début d’année, j’ai eu envie / besoin de donner plus de place dans ma vie à l’écriture. J’ai donc pris rendez-vous pour un premier diagnostic gratuit avec Marie-Ève qui a confirmé mon intuition. J’ai continué par un coaching de 5 mois pour terminer avec un travail en cercle d’écrivaines. Une année bientôt complète autour de mon statut d’écrivaine, de ma façon d’écrire, de ce que je veux aborder et comment le mettre au monde. Tout ceci a un coût bien évidemment mais si vous êtes comme moi, coincée par des idées, des préjugées, des conseils mal avisés, un syndrome de l’imposteur ou que sais-je encore alors n’hésitez pas. Se faire accompagner en toute bienveillance est un cadeau inestimable à se faire à soi-même.
Je vous invite si le coeur vous en dit à lire mon témoignage sur le blog de Marie-Ève5 ou à le visionner sur YouTube :

MAI
Gigi était partie depuis deux mois. Je ne voulais plus reprendre d’animaux. Son départ avait été trop douloureux. Mais le temps est passé, un peu, et le manque de la présence d’un petit compagnon à mes côtés s’est faite ressentir. Je n’ai pratiquement jamais vécu sans un chien, un chat, un hamster, une souris ou un rat. J’étais certaine d’une chose, je ne voulais pas un chien. Les sorties en ville sont bien plus contraignantes qu’un jardin clôturé à la campagne. Un chat sera plus « pratique ». Voilà pourquoi Maggy a débarqué dans notre vie. Et je ne regrette pas. C’est la digne héritière de Ginger tant elle est rigolote elle aussi. Elle fait de moi une officielle célibataire à chat et je lui en suis extrêmement reconnaissante 💛

JUIN
Depuis mon arrivée à Strasbourg en 2018 je n’avais plus de voiture. Mon bon et loyal Chrysler Grand Voyager, qui m’a trimballée à travers la France entière, ne répondait plus aux critères du contrôle technique : trop rouillé, trop polluant, trop vieux quoi … Je lui avais dit adieu non sans verser une petite larme et depuis je voyageais en transports en commun, en train et en taxi adapté. Malheureusement, l’offre de transport pour personne à mobilité réduite n’est pas toujours très pratique, surtout en zone rurale comme celle où vit ma famille. Pour plus de confort et de liberté, j’ai donc acheté un nouveau véhicule. Et si je vous en parle c’est qu’il y a 20 ans, je n’aurais jamais accepté de monter à l’arrière d’une camionnette blanche, symbole pour moi des véhicules d’établissements que j’appelais des bétaillères. Je n’aimais pas l’image que ça renvoyait de moi. Aujourd’hui je n’en ai plus rien à faire. Je monte fièrement à l’arrière d’un Renault Master blanc. Je peux y transporter toute ma famille, tout le matériel dont j’ai besoin et plus encore. Je n’ai plus de problème avec ce que cela peut révéler de moi. Il n’y a même rien à en dire. C’est moi qui m’en faisait tout un cinéma. Et même s’il est plus agréable d’être à côté du conducteur par pouvoir papoter, j’apprécie ces moments de voyage à l’arrière durant lesquels je n’ai qu’à me laisser porter. Car il est plutôt confortable le pépère. Et il fait partie d’une de mes résolutions de 2023 : sortir de la ville, pas très loin, juste assez pour se dépayser sans trop polluer ni consommer.

1 : https://www.facebook.com/elodiecrepelofficiel
2 : https://crhvas-grandest.fr/accueil/
3 : http://www.udaf54.fr
4 : https://www.ecrivain-e.com
5 : https://www.ecrivain-e.com/une-histoire-de-legitimite-le-temoignage-damelie/