Je vois quelqu’un !

Depuis un peu plus d’un mois je vois quelqu’un. Non, pas un mec. Un psychologue. Enfin une psychologue. Vous avez remarqué que souvent quand on conseille à un-e ami-e d’aller consulter on lui dit :
Tu devrais aller voir quelqu’un !
Comme si c’était tabou. Ça l’a peut-être été mais aujourd’hui il me semble que c’est quelque chose d’assez commun d’aller chez le psy. Peut-être même à la mode. Je ne sais pas.

Ma psy s’appelle Angélique. C’est un peu bizarre car on ne s’est jamais vu. On ne s’est même jamais parlé de vive voix. J’ai une psy par correspondance, notre relation est virtuo-épistolaire et ça me correspond totalement. J’ai bien tenté les consultations en cabinet mais ça ne fonctionne pas. J’annule une fois sur deux, je suis incapable de me confier en face à face, je vais toujours bien et ça se termine par des discussions d’une banalité affligeante. J’ai essayé en visio, histoire de ne pas avoir à sortir sous la pluie et de me sentir en sécurité à la maison mais ça n’a pas été plus concluant. Écrire est beaucoup plus simple et efficace pour moi. J’ai le temps d’élaborer ma pensée, de choisir les bons mots, d’expliquer en détails mes ressentis. Je ne pars pas dans tous les sens et je peux relire les réponses et les conseils tant que je veux. Je kiffe.

Je sais que beaucoup de personnes pensent que les psys ne servent à rien. Que c’est se regarder le nombril que d’aller consulter. Perso je ne comprends pas qu’on puisse passer une vie entière sans un minimum d’introspection. Recommencer les mêmes conneries sans jamais se remettre en question, je capte pas. Et désolée mais s’introspecter seul-e ou avec ses potes c’est comme pisser dans un violon. C’est un vrai boulot de savoir écouter l’autre. Et surtout de ne pas donner son avis, proposer des solutions ou raconter ses propres anecdotes. Angélique lit, reformule et me demande si c’est bien ce que je voulais dire. Elle m’aide à déblayer le chemin et à avancer. Car rester coincée au même rond-point c’est juste épuisant et ça donne envie de vomir. Il y a un moment où il faut se décider à prendre une sortie.

Cette sortie a le goût de la liberté. Celle d’oser être soi-même. Car oui je dois encore faire preuve de courage pour être en harmonie avec celle que je suis vraiment là tout au fond. Souvent je retombe dans mes travers, dans la pièce de théâtre qu’est la vie. J’enfile mon masque et je retrouve le confort du rôle dont je connais par coeur chaque réplique. C’est tellement plus facile ! Mais tellement frustrant. Qu’est ce qui nous empêche d’être notre propre personnage et pas celui dont on nous affublé ? On doit bien peu s’aimer pour ne pas oser s’exposer sur scène, à la vue du monde entier. Et c’est moche d’agir comme ça.

Angélique m’a confirmé que je manquais d’amour et d’estime pour moi-même. Pas de confiance paradoxalement. Je suis capable de prendre la parole en public, de regarder un inconnu dans les yeux, de défendre ce en quoi je crois, de mener des projets, de fédérer des troupes. J’ai confiance en mes capacités.
Mais je ne sais toujours pas prendre soin de moi, m’écouter, me cajoler. Je ne sais pas m’affirmer. Je ne sais pas dire non. Une petite voix me répète que je n’en vaux pas la peine et que si on me traite mal, si JE me traite mal, c’est que je ne fais pas ce qu’il faut et que quelque part, je le mérite. Et c’est moche de penser ça.

Se traiter bien c’est d’abord s’autoriser à aller mal. Se traiter avec amour c’est s’autoriser à être nulle, à trébucher, à dire et faire des conneries. C’est arrêter de se juger, de se comparer, de s’auto-critiquer. Prendre soin de soi c’est choisir ce qui nous fait du bien. C’est se dire que même si là, tout de suite, on n’est pas au top c’est pas bien grave, qu’on n’y est juste pas encore ou qu’on n’y sera peut-être jamais, mais qu’on aura fait de notre mieux. Ce n’est pas être égoïste, c’est s’accorder de la valeur.

J’ai l’impression d’écrire le même billet depuis des années. La vie n’est pas linéaire. C’est une succession de rond-points. Quand tu réussis à en quitter un, tu t’enfiles dans le suivant et c’est reparti pour quelques tours. J’ose espérer qu’il existe une sortie définitive où on peut s’arrêter et profiter un peu ! J’ose espérer que je ne suis pas loin de cette aire de repos ! Ne dit-on pas que l’espoir fait vivre ?