Pieces of a Woman

J’ai eu de la chance dans mon parcours de femme. J’ai vécu des grossesses heureuses, j’ai mis au monde deux merveilleux bébés sans encombre majeure. Je n’ai jamais fait de fausse-couche, je n’ai pas eu de mal à tomber enceinte, je n’ai jamais eu à faire le choix de garder ou non un enfant et je suis réglée comme un coucou suisse. J’ai conscience que mon histoire est idyllique et à 42 ans, alors que je me sens à l’apogée de ma vie de femme, j’en suis très reconnaissante et j’attends la suite avec sérénité.

Cela dit, je suis toujours extrêmement touchée par ce que vivent les autres femmes et je ressens au fond de mes tripes l’effleurement de ces douleurs. Un souffle juste assez fort pour me laisser supposer l’horreur.

Pourquoi je raconte ça aujourd’hui ? C’est que j’ai regardé – Pieces of a woman – du réalisateur hongrois Kornél Mundruczó et qu’on ne peut pas sortir indemne d’un tel film. Je ne pouvais pas juste éteindre ma TV et passer à autre chose. Ça m’a rappelé les histoires entendues et vécues de plus ou moins près. Ça m’a foutu un coup quoi …

Ce film est inspiré du vécu du réalisateur. Sa femme et lui ont perdu un bébé pendant la grossesse et ils n’en ont jamais vraiment parlé. Un jour il tombe sur un carnet de notes qu’elle a intitulé – Pieces of a woman – (ce qui veut dire morceaux d’une femme) dans lequel elle écrit à propos de la perte d’un enfant. Il a un véritable choc à la lecture de ces mots, prenant conscience du silence installé entre eux et propose à sa femme de travailler sur un projet à ce sujet. Ils montent alors une pièce de théâtre en Pologne et devant les nombreux retours positifs, continue avec ce film qui a raflé et raflera surement encore quelques récompenses.

Ce billet n’est pas une critique cinéma même si je tiens à saluer la performance des acteurs et en particulier du couple qui fonctionne à merveille.

Je ne connaissais pas Vanessa Kirby et je dois dire qu’elle est époustouflante. Quant à Shia LaBeouf, je l’avais découvert comme tout le monde dans la trilogie Transformers (bon ok c’était dans la série pour gamins – La guerre des Stevens – mais faites comme si vous ne le saviez pas) et je n’avais pas entraperçu alors son potentiel dramatique. C’est dans le clip – Elastic heart – de Sia qu’il m’a totalement bouleversée et conquise.

Je ne sais pas vraiment où je veux en venir avec ce billet. J’avais seulement besoin de partager cette émotion. Et ce qui est étonnant, ce qui me touche le plus là maintenant et qui n’est pas le sujet du film, ce sont ces couples qui doivent faire le deuil d’un enfant qui n’est pas né. Renoncer à devenir parents quand on le souhaite de toutes ses forces, c’est faire un deuil étrange, non palpable, non visible, non reconnu. Et moi je pense qu’il y a des mots qui doivent être écrits, prononcés et entendus pour que la tristesse n’abime pas trop les coeurs. Voilà ma petite contribution !