Une journée pour tout dire (ou presque) !

Le 3 décembre de chaque année a lieu la Journée Internationale des Personnes Handicapées. Sur le site des Nations Unies on peut lire que depuis 1992 « Elle (cette journée) vise à promouvoir les droits et le bien-être des personnes handicapées dans toutes les sphères de la société et du développement et à accroître la sensibilisation à leur situation particulière dans tous les aspects de la vie politique, sociale, économique et culturelle« . C’est chouette comme engagement, sauf qu’en France on est bien loin du compte. Et si je n’ai pas l’intention de dresser un bilan de tout ce qui ne fonctionne pas chez nous, je crois qu’il est bon de rappeler quelques faits absolument inacceptables.

D’abord je trouve important de rappeler qu’entre les deux tours de la dernière élection présidentielle E.Macron avait consacré sa carte blanche au thème du handicap. Il avait même annoncé que ce dernier serait une des priorités de son quinquennat. Je ne veux pas mettre la charrue avant les boeufs mais à moins de 6 mois du premier tour de la prochaine présidentielle je n’ai pas du tout l’impression d’avoir été une priorité pour ce gouvernement.

Pourtant début 2020 Emmanuel Macron s’était (ré)engagé entre autre à ce que plus aucun enfant ne soit laissé de côté pour la rentrée suivante. Dommage pour eux et leurs familles ça n’a pas été le cas. Et en 2021 non plus. Entre les AESH (Accompagnant.e.s d’Éleves en Situation de Handicap) sous-payé.e.s qui font grève (à lire ici) et les parents qui portent les manquements de l’Éducation Nationale devant les tribunaux (à lire là), on se rend bien compte que la promesse n’est pas tenue.

Et que dire de l’AAH (Allocation Adulte Handicapée) revalorisée de 100€ mais toujours sous le seuil de pauvreté (903,60€) et pour laquelle un véritable combat s’est engagé avec pour revendication première sa déconjugalisation. Voilà un mot bien compliqué pour expliquer que les personnes percevant cette allocation ne veulent plus qu’elle soit indexée sur les revenus du conjoint. Car comment garder son autonomie lorsque vous dépendez financièrement de votre amoureux.se (l’AAH diminue dès que votre conjoint.e touche 1020€ et se trouve totalement supprimée à 2270€).

J’aimerais aussi parler des violences que subissent particulièrement les femmes en situation de handicap en partageant cette étude (à découvrir ici) réalisée en Nouvelle Aquitaine et dont les chiffres sont effrayants. Ce sujet mériterait un billet rien qu’à lui !

Et enfin, parce qu’ici sur nos blogs nous savons combien les mots que l’on utilise sont importants, je vous partage ce moment absolument lunaire où une élue LR de la ville de Lyon utilise les termes de « Pieds-bot » et de « Cul de jatte » pour parler de personnes handicapées. Audrey Henocque, première adjointe, elle-même en situation de handicap et avec laquelle j’ai partagé une partie de ma rééducation à la fin des années 90, lui répond très justement sur ce que ses paroles révèlent comme forme d’oppression : le validisme.

Pour être honnête je n’aime pas ce terme de validisme. Je le trouve clivant même s’il a le mérite d’être claire. La société est faite par les valides, pour les valides, et les personnes différentes ne s’y retrouvent pas. Pour bien saisir cette notion je vous partage cette interview de mon amie Laetitia Rebord (son site ici) ainsi qu’un article en écho aux propos de Mme Blanc par Elena Chamorro sur Mediapart à lire ici.

Voilà pour cette journée bien remplie pour ma part. Je m’en vais entamé un weekend bien au chaud à me nourrir des différences qui m’entourent <3