Mon Journal de Gratitude #9

C’est un phénomène étrange l’écriture. Lorsque je rédige un billet, je l’oublie presque systématiquement dans les heures qui suivent. Je ne me souvenais plus par exemple que j’avais parlé des fantômes dans mon dernier Journal de Gratitude et je les ai quasiment découvert en le relisant ce matin. J’ai souvent besoin de relire mes billets pour savoir où j’en suis. Peut-être que ça n’arrive qu’à moi d’oublier ce que j’écris. Et c’est la même chose avec les films que je regarde. J’en ai vu certains à plusieurs reprises en ayant l’impression de les redécouvrir à chaque fois. Seuls les livres imprègnent ma mémoire. Sûrement parce que la lecture appelle l’imagination et oblige à ressentir bien plus intensément les histoires. Les films sont du prémâché, ils donnent des sensations bien sûr, appelle à réfléchir ou à s’indigner mais sans aucune mesure avec la lecture. Du moins de mon point de vue. Heureusement je ne perds encore pas la tête et hormis mes écrits et les films, mes souvenirs sont intacts. Des plus jolis aux plus durs. Et à la veille d’un grand changement de vie, je m’applique à en fabriquer des milliers à mes lionnes, qu’elles emportent avec elles un petit bout d’ici et de ceux qui l’habitent.

Je réfléchis donc à mon neuvième Journal de Gratitude. Je crois que c’est un record d’assiduité, moi qui ai du mal à tenir un engagement sur le long terme. C’est une première raison d’être reconnaissante, envers moi-même en toute humilité. La seconde raison est la disparition des fantômes. Ils sont repartis comme ils sont venus, emportant avec eux les angoisses, les maux du ventre et la nappe de brouillard, laissant apparaitre le ciel bleu qui est toujours là finalement même si parfois on l’oublie, comme les films qu’on regarde ou ce qu’on écrit …

En me retournant sur cette semaine écoulée je ne peux donc qu’être reconnaissante et établir la liste (toujours non exhaustive) de ce pourquoi j’éprouve de la gratitude :

– la fiesta de petite soeur-soeur qui devient grande et qui m’a permis de (re)voir pleins de gens chouettes.
– la kermesse de l’école de p’tite lionne pour les mêmes raisons.
– ce week-end entre deux maisons qui laissera de merveilleuses empreintes dans nos mémoires.
– la confiance qu’on me témoigne sur des projets plus qu’enthousiasmants.
– ces gens chouettes du monde des blogs, leurs petits coeurs et leurs commentaires.
– les interminables discussions qui vont du sens de la vie à comment utiliser la ricotta en cuisine.
– et les ‘je t’aime’ en pagaille de mes essentielles.

Ce sera bref pour cette fois, j’ai un bouquin à terminer avant le blues du dimanche soir. Très belle soirée et prenez soin de vous <3

Mon Journal de Gratitude #8

Parfois il est difficile de trouver du positif quand on se retourne sur la semaine écoulée. Il y a bien entendu une multitudes de choses pour lesquelles je serai éternellement reconnaissante, semaine après semaine : avoir des enfants en bonne santé, de quoi nous loger et nous nourrir, des gens autour de moi que j’aime et qui m’aiment aussi. Et rien que pour tout cela je devrais déborder de gratitude. Ce n’est malheureusement pas si simple. En commençant ce rituel du Journal hebdomadaire il y a 2 mois déjà, parallèlement à la méditation et à la pensée positive, je pensais tenir la solution à mes coups de blues. Ça non plus ce n’est pas si simple. Vivre dans le présent sans avoir la nostalgie du passé ou l’inquiétude du futur n’est pas toujours possible, loin s’en faut. Et cette dernière semaine les fantômes d’un temps qui n’existe plus sont revenus me hanter. J’ai beau souffler fort sur leurs draps translucides rien n’y fait. Ils s’agrippent les salauds.

Et voilà qu’aujourd’hui c’est dimanche et que j’ai ce rendez-vous avec la gratitude. Mince ça ne va pas être aussi facile que ces derniers mois où j’étais en Bisounours Time Baby. Alors j’ai pris le temps, je me suis posé au soleil et j’ai laissé les fantômes venir squatter mes accoudoirs. D’abord ils n’ont rien dit, se contentant de se balancer lentement, en rythme. Ils sont plusieurs, trop, je ne sais pas exactement combien tant ils se fondent les uns dans les autres. Ils ne me font plus peur, je les connais bien maintenant même si jamais ils n’ont été si proches. J’ai chuchoté « qu’est ce que vous faites là ? ». Ils ont sursauté. Au moins ils m’entendent. J’ai demandé « pourquoi vous revenez encore ? ». L’un deux a répondu « la porte est entrouverte ». Un autre a enchérit « tu nous a appelé ». Bien sûr que non. Je n’ai appelé personne. Un troisième a continué « pas avec des mots ». Alors comment ? « Les murmures de l’intérieur ». Purée ces salopards peuvent lire dans ma tête, dans mon coeur et peut-être même dans mon ventre qui déconne. Ils savent. J’ai tenté de comprendre comment me débarrasser d’eux mais aucun n’a voulu m’expliquer. J’ai allumé mon fauteuil et j’ai roulé vite pour les faire tomber. C’est inutile. Ils sont toujours là. Ils ne partiront pas. L’un deux a même posé sa tête sur mon épaule. Fichtre !

Je comprends que je ne peux rien y faire aujourd’hui et peut-être que demain non plus. Je comprends qu’être reconnaissante ce ne doit pas toujours être pour des choses positives mais aussi pour des moments plus obscures où il faut accepter de côtoyer les fantômes. Si j’ai de la gratitude aujourd’hui c’est envers ce nouveau moi qui ose discuter avec ses démons. Souffler fort ne sert à rien. Rouler vite ne sert à rien. Ils seront là demain. Et le jour d’après. Et le suivant sans doute. Ils seront là toujours parce que j’aime ce qu’ils représentent.

Mais rassurez-vous je vais bien. Vraiment. Et écrire comme d’habitude me permet de me sentir mieux et de pouvoir tout de même être reconnaissante pour cette semaine écoulée. Pas de détails cette fois ci mais un sentiment que tout n’est pas perdu. Bien au contraire.

Je vous souhaite une merveilleuse semaine. Prenez soin de vous.