Préparatifs

Parfois on attend impatiemment un moment particulier. Un anniversaire. Des vacances. Une fête. Des retrouvailles. On y met du cœur. De l’énergie. Et l’espoir que tout se déroule comme on le rêve. Et on y croit malgré cette petite intuition qui nous dit que ça ne va pas être si simple que ça en a l’air. Et effectivement ça ne l’est pas.

Ce calendrier que je pensais être un exercice un peu désuet, une occupation légère et festive, m’amène sur un chemin de réflexion inattendu. L’assiduité à laquelle je me suis tenue, me révèle une facette de moi-même que je ne soupçonnais pas et une certaine satisfaction à me surpasser. Le billet d’aujourd’hui par exemple, je le rédige laborieusement entre mes douleurs neurologiques et mes quintes de toux. Mais je ne le subis pas. Il m’est précieux précisément parce qu’il est écrit dans ces conditions. Écrire dans le dur apporte de la douceur au mal.

Je ne vais pas tenter d’analyser ce qui se joue en cet instant. Je vais me contenter de le savourer et j’y réfléchirai plus tard. J’observe mon père préparer mes derniers paquets. C’est le meilleur emballeur de l’univers. Il a élevé le niveau en une forme d’art tant il s’applique à plier et scotcher le papier d’une manière parfaite.

Je vous souhaite une bonne dernière ligne droite jusqu’au réveillon et de doux moments de préparatifs. Je pense également à celles et ceux qui ne peuvent pas, ne veulent pas ou ne fêtes pas Noël. Belle soirée à vous et à demain. Rassurez-vous il ne reste que deux jours !

Brèves de vie

J’avais oublié que je m’étais abonnée à la liste de diffusion du blog de Pauline Harmange. Ce matin en découvrant son nom dans mes mails je me suis demandée ce qu’elle me voulait, limite un peu vénère. Et puis je me suis souvenue que j’avais découvert son blog via Twitter et que j’avais bien aimé ses billets, son ton et son humour. Beaucoup plus que son bouquin « Moi les hommes je les déteste » qui personnellement ne m’a pas emballé et surtout ne m’a rien appris de nouveau. Oui les hommes sont détestables parfois.

Ce matin donc, je lis le dernier billet de Pauline (à retrouver Ici) et je perçois comme un écho à ce que j’ai noté il y a un petit moment déjà chez moi. Pour la première fois depuis le début de cette histoire de virus je ressens une certaine lassitude. Peut-être même une pointe de tristesse.

Jusqu’à récemment les confinements, les couvre-feux, rien n’avait été vraiment difficile. Ma vie s’apparente de toute façon à un confinement permanent depuis que je vis en Alsace. Je sors peu. Un tantinet plus en été. Presque jamais en hiver. Sporadiquement au printemps et à l’automne. Seules les séances de cinéma et les visites culturelles me manquent. J’ai peu d’ami-e-s réguliers, je veux dire, que je vois souvent. Et ce sont elles-eux qui viennent chez moi. Tout se passe chez moi par manque d’accessibilité. Mes très cher-e-s sont loin. Je suis une solitaire sociable. Et ça me va bien.

Mais malgré que je sois aguerrie à cette vie au ralenti, le besoin d’écrire se fait pressant. Comme à mon habitude je dois laisser sortir des « choses » en urgence sous peine de plonger dans la mélancolie. Ce temps maussade n’arrange rien. Je trouve qu’il est plus facile de déprimer au soleil. Il y a d’ailleurs moins de suicides dans le sud de la France c’est bien que ça doit jouer un peu.

Il s’agit donc ces jours-ci de ne pas tomber en dépression. Honnêtement je m’en voudrais de sombrer maintenant alors que j’ai tenu 42 ans et des brouettes sans m’effondrer. J’ai vacillé quelques fois mais j’ai toujours réussi à m’accrocher aux branches et ne pas couler. Ce n’est pas spécialement une fierté, je sais combien la dépression est une tempête qui emporte tout avec elle. J’ai tenu bon sûrement parce que je suis outillée pour et que jusqu’à maintenant j’ai eu les ressources nécessaires pour lutter. Mais j’ai conscience qu’un rien pourrait faire lâcher les digues et j’ai l’impression que pour beaucoup d’entre nous ce rien a le visage du coronavirus et de ses conséquences.

Les sorties que je ne fais jamais me manquent. Les ami-e-s que je vois rarement me manquent. Mes amants imaginaires me manquent. Ma famille me manque. Même les gens qui m’exaspèrent me manquent.

Heureusement j’ai des enfants que je peux câliner à l’encontre de toutes les règles de distanciation sociale. J’ai régulièrement des frayeurs, une montée de fièvre par ici, une quinte de toux par là. Vie N*2 en est à son quatrième test et le dernier pour Vie N*1 date d’hier. Moi je veux bien faire attention et respecter les gestes barrières mais ne plus approcher mes petits est un peu trop demandé. Alors j’attends, fébrile, les résultats. Et je me promets qu’à partir d’aujourd’hui je vais faire encore plus d’efforts pour me protéger. Mais ce sera au détriment de ma santé mentale et je ne sais pas ce qui est le plus risqué finalement.

Alors que j’écris ces dernières lignes j’écoute Edgar Morin s’exprimer sur France Culture. Je ne sais pas si vous croyez aux synchronicités mais alors que je me laisse aller à une forme de noirceur son discours vient illuminer mes pensées. À presque 100 ans et après avoir vécu la moitié de l’histoire du 20eme siècle, il nous enjoint à ne pas laisser le vide s’installer, à rester lié aux autres, à prendre notre place dans ce monde. Il nous encourage, et particulièrement la jeunesse à laquelle il est très attaché, à saisir cette opportunité de créer un monde meilleur malgré le péril que représente cette pandémie. Et surtout il nous rappelle que si nous avons toutes et tous une patrie, c’est en tant qu’enfant de la Terre que nous devons réfléchir et garder espoir. Merci Edgar. Voilà le coup de fouet qu’il me fallait pour sortir de ce moment de torpeur. Un big up à Guillaume Erner qui n’a pas interrompu son invité, c’est assez rare pour être souligné. Et vous avez raison Edgar, laissons nous inspirer par les héros du quotidien. Aujourd’hui vous êtes pour moi bien plus fort que Superman !

Interview à écouter ICI