Mon Journal de Gratitude #16 : Celle qui faisait une réunion de chantier !

Nous sommes le 16 août et je rédige mon seizième Journal de Gratitude. Coïncidence ? Je ne crois pas … Enfin si un peu, j’étais partie pour rédiger un bilan de l’année écoulée et justement, la coïncidence était tentante. Je serai donc obligée de terminer ce billet positivement et emplie de gratitude (comme si ce n’était pas toujours le cas).

Aujourd’hui c’est mon anniversaire (non ce n’est pas pour qu’on me le souhaite mais bon si vous y tenez … :)) et comme je l’ai dit dans mon dernier billet, c’est le moment pour moi de faire le point sur l’avancée des travaux de ma vie. Parce que oui je prends la vie comme un chantier qu’il faut tenter de mener à bien ! J’essaye de m’outiller le mieux possible, d’apprendre les bonnes techniques et de bien consolider l’édifice. Mon souci : les fondations étaient déjà terminées quand je suis arrivée et je pense que les mecs n’étaient pas du métier. Ou alors ils avaient bu. Où ils ont fait exprès pour me lancer un défi. En tous cas c’était un beau bordel et il a fallu bosser dur pour réparer les dégâts. Malgré quelques malfaçons persistantes que j’ai finalement acceptées, je crois que j’y suis arrivée.

Et puis je me suis rendu compte que l’électricité n’était pas aux normes. Partout des câbles mais aucune prise. Comment allais-je pouvoir mettre à (re)charger mon téléphone mais aussi mes peurs, mes croyances et mes pensées limitantes auxquelles je tenais tant ? En panique, j’ai cherché un mode d’emploi, un plan, des directives. Je ne suis pas électricienne moi, je n’avais aucune idée de comment ça fonctionne. Et c’est au fond d’un tiroir que je suis tombé sur la solution :

C’est quoi cette connerie ? On n’allait pas encore me conseiller de lâcher prise ! Punaise je l’ai déjà tellement cherchée cette prise que j’avais fini par laisser tomber. Tu déprimes ? Lâche prise ! T’es nostalgique ? Lâche prise ! T’es angoissée ? Lâche prise ! Oui bon moi je veux bien mais purée-de-pomme-de terre elle est où cette prise ? J’en avais tellement marre de cette chasse à la prise, le St Graal du développement personnel, que j’avais décidé d’arrêter. Stop. Basta. Laissez moi tranquille avec votre histoire de prise, je préfère continuer à vivre mes moments difficiles tant bien que mal et on se revoit à la prochaine éclaircie.

Mais voilà les « choses » sont quand même bien ficelées et c’est au moment où tu lâches l’affaire que tout s’aligne. C’est un peu comme quand t’es célibataire et que tu désespères de rencontrer quelqu’un-e et que justement le jour où ce quelqu’un-e débarque dans ta vie tu deviens irrésistible . C’est normal oui je sais, tu rayonnes d’amour donc forcément tu attires les autres. Et bien avec cette fameuse prise c’est pareil, t’as plus l’air d’être au bord du suicide donc tu deviens un aimant à good vibes. C’est pas nouveau, ça s’appelle la loi de l’attraction, tu récoltes ce que tu sèmes et qu’on le veuille ou non, qu’on y croit ou non, ça fonctionne.

L’an dernier à cette époque et jusqu’à la période des fêtes, j’étais dans une phase vraiment compliquée. Je me sentais enlisée, empêtrée dans un bourbier dont je n’arrivais pas à sortir. Les Vies avaient des difficultés à l’école. L’ambiance à la maison était explosive. Je devais rendre un écrit pour valider mon DU (oui j’ai passé un diplôme universitaire l’an passé, comme quoi tout arrive !) mais rien ne sortait et pour preuve je n’ai posté aucun billet ici entre aout et fin décembre 2020, ni rien noté dans mes nombreux blocs notes et autres journaux intimes. J’avais l’impression d’avoir épuisé toutes mes cartouches et je désespérais. Je me suis alors mise en mode « Autruche » (à ce propos je suis allée vérifier cette histoire de tête dans le sable et j’ai découvert que les autruches n’adoptent pas ce comportement par peur mais pour surveiller leurs nids ou se protéger de la poussière. Si elles sont effrayées, elles courent et s’il le faut elles peuvent dégommer une lionne avec leurs grosses griffes. Du coup je les trouve hyper badass les autruches et comme quoi on vit avec des idées complètement fausses c’est dingue).

De temps en temps je sortais mon bec du sable et pour m’aider à y voir plus clair, je tirais régulièrement mes petites cartes oracles et de tarot. J’ai une âme de cartomancienne, je dirais même de sorcière, et c’est un art qui me parle tout particulièrement. Mais n’est pas Madame Irma qui veut et je trouve difficile de rester objective lorsqu’il s’agit de soi-même . J’ai donc fait appel à Jill, tarologue de talent dont je suis le travail depuis un moment, pour m’accompagner lors de cette mauvaise passe. Et tu parles qu’elle était mauvaise la passe ! Dans mon tirage presque toutes les cartes étaient à l’envers. C’était moche à tel point que Jill, perplexe et presque aussi dépitée que moi, a proposé de m’offrir un second tirage dit « de coaching » pour m’aider à renverser la tendance.

Je pense que si elle m’avait suggéré un rituel satanique ou un sacrifice vaudou j’aurais accepté sans ciller. Heureusement pour moi, elle est également nonne bouddhiste et sa bienveillance m’a beaucoup touchée. Nous avons donc effectué ce second tirage et je suis repartie avec ma petite liste de conseils sous le bras, bien décidée à les mettre en pratique. Résultat ? Et bien encore une fois qu’on le veuille ou non, qu’on y croit ou non, ça a fonctionné. Je me suis mise le coup de booste nécessaire et je suis fière de vous dire qu’aujourd’hui ça va beaucoup mieux. Jill a partagé ce chouette travail sur sa chaîne YouTube parce que je visiblement je suis un cas désespéré d’école et que ça peut être inspirant pour celles et ceux qui cherchent des réponses (et par la même occasion vous pourrez y trouver les liens pour la suivre, n’hésitez pas elle est géniale !).

Vous dire que tout est résolu et que les travaux sont terminés serait un mensonge. Si on vous promet de résoudre vos problèmes et de vous rendre heureux pour toujours en deux tirages de cartes, fuyez ! Non tout n’est pas parfait. Mais c’est OK. Oui je ne gère pas toujours très bien. Mais c’est OK aussi. Et cette prise alors ? J’ai jeté le petit mot trouvé au fond du tiroir, j’ai bricolé l’électricité avec du scotch et de la ficelle et pour l’instant la lumière fonctionne et illumine ma vie. Si d’aventure une ampoule devait claquer j’irai chercher ma boite à outils et Mac Gyver et on bidouillera un truc ensemble (et je réaliserai un fantasme de jeunesse par la même occasion).

J’ai encore tellement à dire sur cette 43ème année. J’ai été accompagnée par une coach formidable pour un bilan de compétences, j’ai un projet professionnel génial, Vie N°1 sort de sa chrysalide et laisse percevoir les ailes du plus beau des papillons et Vie N°2 m’apprend plus que jamais à devenir une maman qui déchire. Promis je vous raconterai tout et pour vous tenir en haleine je peux déjà vous dire que mon prochain billet parlera d’un coming-out, du pouvoir de la pensée et d’une corrézienne qui envoie du lourd . Pas mal hein comme teaser !

Aller pour terminer par les traditionnels remerciements ça va être très simple : MERCI LA VIE ! Y a rien d’autre à dire quand tu te retournes et que tu fais le bilan. Merci à cette putain de vie de m’envoyer de la merde et de m’apprendre à la transformer en or. Voilà c’est aussi simple que ça :

Indomptée !

Mon anniversaire est dans quelques jours. Ce moment est pour moi celui du bilan de l’année écoulée et des grandes décisions à prendre pour celle à venir. C’est également le moment où je me sens le plus vivante, où je ressens les énergies du lion et de son maître le soleil. Les idées se bousculent, les envies s’accumulent, mon esprit est en joyeux bordel et je me laisse porter par cet élan créatif et mon imagination. Je rêve d’une retraite silencieuse, d’une journée à la mer, de roulades dans l’herbe et des branches d’un saule qui se balanceraient lentement en laissant passer quelques rayons chauds et dorés. 

J’aurai 43 ans. Je plaisante souvent sur le fait qu’il est dur de vieillir mais en réalité j’aime la quarantaine. J’aime la liberté qu’elle m’autorise, le détachement qu’elle m’offre et que j’essaye d’apprivoiser. Encore trop souvent je me censure et dans ma tête Edith la poissonnière-esthéticienne me rappelle que telle chose ne se fait pas ou que telle autre ne se dit pas. 

Les conventions, la bienséance, la pression familiale, que sais-je encore, veulent qu’on obéisse et qu’on se taise. Il est préférable de garder pour soi ce qui dérange. Tout n’est pas bon à dire paraît-il. Expliquez-moi alors comment faire lorsque tout hurle. 

Mon intuition me souffle : raconte ! Se taire c’est accepter. Se taire c’est consentir. Il y a trop de situations où rien ne peut sortir. Trop de moments de torpeur, de sidération, qui musellent. J’ai le sentiment que trop peu osent s’exprimer, de peur de déranger, d’être rejeter, de ne pas convenir à ce qui est autorisé ou non. Mais qui autorise ? Qui décide de ce qui est prononçable et de ce qui ne l’est pas ? Si les mots veulent sortir et que les retenir tue, qui peut empêcher de les dire, de les chanter ou de les écrire ? 

Tout n’est pas bon à dire. Cette phrase m’obsède depuis qu’elle m’a été opposée. Qu’ai-je dit de trop ? Et que pourrais-je bien dire qui ne soit pas bon ? Un secret ? Une vérité ? Je m’en fiche. Ma simple existence dérange. Mon histoire est une succession d’exceptions à la règle. Je ne suis plus à une bousculade près. Je n’ai pas de secrets. Je ne détiens pas de vérités. Je ne sais que partager mes émotions et ce qu’elles m’inspirent. Parce qu’elles débordent et que je ne sais pas les dire en sons, alors je les écris en mots. Je les couche sur mon clavier et elles s’incarnent comme par magie sur l’écran de mon ordinateur. Je les dépose là comme pour me délester d’un poids. Parfois il ne s’agit que d’un sanglot passager ou une joie éphémère. Parfois c’est un torrent de larmes ou un bonheur sans nom. Parfois c’est lourd et dégueulasse. Parfois c’est léger et magnifique. Il ne s’agit pas de régler des comptes ou de payer une dette. Il s’agit simplement de dire. Dire, au risque de ne pas convenir, de ne pas être quelqu’un de bien, de ne pas être aimée. 

Dans son livre « Indomptée »(1), Glennon Doyle raconte comment jusqu’à ses 40 ans elle a tout mis en œuvre pour être quelqu’un de bien. Elle a su sortir de l’alcoolisme, de la boulimie, de l’addiction médicamenteuse. Elle s’est mariée, a eu 3 beaux enfants, a monté une association qui lève aujourd’hui des millions de dollars pour les personnes dans le besoin. Elle est allée à l’église et a suivi des préceptes érigés par d’autres. Elle a soigneusement épilé, botoxé, habillé et fardé son corps pour qu’il ressemble à celui exposé partout où notre regard se pose. Finalement son mari a été infidèle, ses enfants ne sont pas parfaits et la misère fait toujours partie de ce monde. Être quelqu’un de bien au prix de beaucoup d’efforts n’a pas eu le résultat promis. Alors Glennon a pris une décision. Et si au lieu d’être quelqu’un de bien elle devenait quelqu’un de vrai ? Et si c’était la clé de la liberté ? 

Comme Glennon j’ai essayé de tout garder pour moi, de paraitre quelqu’un de bien, mais je n’ai pas réussi. Ma vie est un bazar, comme celui qui jouxtait le magasin de vêtements de ma grand-mère lorsque j’étais petite. Je me souviens du vieux parquet grinçant à chacun de mes pas et de l’odeur qui y régnait et que je n’ai jamais plus senti ailleurs. On y trouvait presque tout et particulièrement rien. Des bocaux de perles, de boutons et de rubans. Des jeux pour les enfants. Et d’autres pour les grands. C’était un endroit magique pour la fillette que j’étais et je m’y aventurais comme une exploratrice en pleine forêt amazonienne. Déjà j’aimais les choses qui foisonnent, celles qui donnaient du grain à moudre à mon imagination fertile. Longtemps j’ai cherché à ranger chaque chose à sa place, à maitriser mes lubies, à ressembler aux autres. J’ai culpabilisé d’être monté dans cette voiture, de n’avoir pas fait d’études, de n’avoir pas sauvé mon mariage, d’avoir aimé la mauvaise personne, de ne pas répondre au téléphone, de préférer la douceur de ma solitude au chahut de ce monde, d’être instable et inconstante. Je n’ai pas été vraie. Je n’ai pas été libre. Je ne le suis d’ailleurs toujours pas mais je travaille dur pour y parvenir. 

Ma décision principale pour cette nouvelle année ? Suivre le conseil de Whitman, rejeter ce qui insulte mon âme et n’écouter désormais que ma musique intérieure.

(1) Glennon Doyle – Indomptée – Éditions LEDUC